RDC – Campagne agricole 2025-2026 : cap sur les semences certifiées et les cultures d’exportation
Le Gouvernement fixe le départ au 26 août 2025 et étend l’opération aux 26 provinces. Objectif : inonder le terrain en intrants et sécuriser des flux d’exportation. Trois chantiers structurent l’annonce : la distribution de semences aux producteurs organisés, la relance de la filière semencière (avec standard de qualité), et l’installation de pépinières communautaires pour cacao, café, palmier à huile. La décision a été présentée au Conseil le 22 août 2025.
Ce qui va réellement changer sur le terrain
Distribution ciblée et traçable. Les lots de semences vivrières, maraîchères et pérennes iront d’abord aux coopératives, aux agrégateurs identifiés et aux associations paysannes encadrées. Ce choix limite les pertes logistiques et facilite le suivi technique : ces structures disposent d’adhérents, de parcelles référencées et, souvent, d’un minimum d’infrastructures (magasins, champs écoles). C’est la condition pour passer d’une distribution “au détail” à une production de masse mesurable (rendements, surfaces, volumes).
Relance de la production semencière, standard qualité. Le ministère remet en service huit fermes semencières primaires et mobilise les CAPSA pour produire de la semence certifiée de deuxième génération. Techniquement, cela signifie :
- Uniformité génétique et pouvoir germinatif testés ;
- Réduction des impuretés et contrôle sanitaire ;
- Prix ramené par l’effet d’échelle pour rendre la semence améliorée compétitive face aux grains de marché.
Conséquence attendue : les exploitations accèdent à des variétés dont la réponse agronomique (précocité, tolérance, productivité) est documentée, ce qui permet de planifier les quantités et de sécuriser le calendrier cultural.
Exportations : pépinières communautaires dans les bassins. Le dispositif prévoit des pépinières proches des zones de production pour cacao, café, palmier à huile. En pratique :
- Réduction du coût d’accès au plant (transport et mortalité pré-plantation chutent) ;
- Standardisation du matériel végétal (clones/variétés recommandés) ;
- Encadrement agronomique à la source (densité, taille de formation, protection phytosanitaire).
La finalité est double : relever le revenu des ménages ruraux et augmenter la collecte de devises via des volumes mieux calibrés et une qualité export plus régulière. Dans un contexte où la balance des paiements dépend massivement des mines, diversifier par des produits agricoles marchands apporte un amortisseur macroéconomique et un signal de confiance pour les transformateurs.
Dates et périmètre.
- 22 août 2025 : information au Conseil.
- 26 août 2025 : lancement opérationnel annoncé.
- 26 provinces : déploiement intégral prévu.
- 8 sites semenciers primaires + réseau CAPSA : socle industriel de la filière.
- 3 cultures pérennes prioritaires : cacao, café, palmier à huile.
Lecture technique : où se joueront les résultats ?
- Plan d’allocation par filière : il faudra des quotas clairs par province, un calendrier de livraison avant les semis, et des critères d’éligibilité transparents pour coopératives et agrégateurs (statuts, superficies, historique de ventes).
- Qualité de la semence : la mention “certifiée 2ᵉ génération” appelle contrôles SENASEM/inspection sur pureté spécifique, taux de germination et traçabilité du lot. Sans ça, l’écart de rendement promis ne se matérialise pas.
- Encadrement : champs écoles et visites régulières pour convertir l’intrant en rendement (densité, itinéraires techniques, lutte intégrée).
- Logistique : la montée en charge suppose du transport fiable, des magasins secs, et des fenêtres de distribution alignées sur la pluviométrie locale.
- Marché : pour cacao/café/palmier, les pépinières doivent s’accompagner de contrats d’achat et d’un maillage de collecte ; côté vivrier, la liquidité des marchés (routes, acheteurs) décidera du revenu réel.
Pourquoi cela peut réussir. La combinaison production locale de semences + distribution via organisations structurées + pépinières de proximité limite trois freins classiques : la qualité aléatoire des intrants, les retards de livraison, et le coût d’accès au plant. En ajoutant des protocoles de contrôle et des incitations à la contractualisation, on crée une chaîne où chaque maillon sait quoi livrer, quand, à quel standard.
Angles morts à surveiller.
- Volumes réels de semences par culture et par province : sans chiffres, difficile de dimensionner les rendements attendus.
- Financement de campagne (trésorerie coopérative, avances intrants) : l’accès au crédit de saison restera décisif.
- Gouvernance des pépinières : qui dirige, qui paie l’entretien, comment sont fixés les prix du plant ?
- Articulation avec les routes de desserte : la sortie des récoltes conditionne le revenu, donc la capacité à réinvestir.
Message aux producteurs. Si vous êtes coopérative ou association encadrée, anticipez : mettez à jour listes d’adhérents, superficies, besoins en semences/plants, et préparez vos parcelles vitrines. Côté agrégateurs, formalisez les engagements de collecte pour garantir délais de paiement et prix. C’est ainsi que l’appui public devient rendement puis revenu.
Hilaria Kosi