Rural Women et agriculture durable : quand la confiance devient levier d’impact
La célébration de la Journée mondiale de l’alimentation et de la Journée internationale de la femme rurale a donné un nouvel écho au rôle stratégique des femmes dans les systèmes alimentaires africains. En République démocratique du Congo, mais aussi en Côte d’Ivoire et au Cameroun, l’initiative LadyAgri Impact Investment HUB déploie un modèle qui associe technologie, infrastructures et financement patient pour renforcer les chaînes de valeur agricoles.
Cette semaine, à Kinshasa et à Mbuji-Mayi, des équipements de transformation et de stockage ont été remis aux « championnes » de LadyAgri. Une avancée décisive, car la faible disponibilité d’infrastructures post-récolte reste l’un des goulets d’étranglement de la productivité agricole en Afrique centrale. En parallèle, plus de 70 % des collecteurs de données formés étaient des femmes, désormais dotées d’outils numériques pour suivre les récoltes et accéder aux marchés. Ce transfert de compétences contribue à réduire le fossé numérique entre les genres, un enjeu encore sous-estimé dans le développement rural.
Lors d’un panel organisé jeudi dernier par le Conseil EVWA (Elevate the Voices of Women in Agriculture), en partenariat avec le Ban Ki-moon Centre for Global Citizens et la FAO, les intervenants ont insisté sur une double exigence : d’une part, doter les femmes rurales d’équipements adaptés et, d’autre part, leur garantir des solutions de financement patient. Autrement dit, il ne s’agit plus seulement de microcrédits, mais de mécanismes financiers adaptés aux cycles longs de la production agricole et capables de soutenir l’ensemble de la chaîne, du champ à l’assiette (Farm2Fork).
L’enjeu est clair : sans infrastructures ni financement adapté, les efforts d’inclusion économique risquent de rester superficiels. Or, les chiffres rappellent que les femmes représentent près de 60 à 70 % de la main-d’œuvre agricole en Afrique subsaharienne, mais qu’elles continuent d’avoir un accès limité aux terres, au crédit et aux marchés. En misant sur elles, les organisations de développement, les bailleurs et les gouvernements peuvent enclencher une transformation systémique.
Le mot d’ordre, répété au cours des échanges, se résume en deux mots : faire confiance aux femmes. Pour les initiateurs, cette confiance n’est pas un slogan, mais une condition de réussite : elle doit guider les choix d’investissement, d’appui technique et de politiques publiques.
Cette orientation s’inscrit pleinement dans les perspectives de l’économie verte et inclusive, où la durabilité ne peut se construire sans égalité des chances. En intégrant les femmes rurales au cœur des chaînes de valeur agricoles, l’Afrique ne répond pas seulement à une question de justice sociale : elle active un levier de productivité et de sécurité alimentaire.
Les prochains mois seront déterminants. Il appartiendra aux banques locales, aux gouvernements et aux acteurs privés de prolonger cet élan en multipliant les initiatives, notamment en matière de logistique agricole, de digitalisation des coopératives et de financement accessible. Car, comme le résume LadyAgri, « la confiance accordée aux femmes se traduit en impact mesurable sur la production et la résilience alimentaire ».
Par M. KOSI