Cactus (Opuntia ficus-indica) : une filière résiliente qui combine fruits, cosmétique, fourrage et énergie
Rendements élevés en milieux secs, besoins en eau limités, débouchés variés. Du Maghreb à l’Afrique australe, le cactus nopal s’impose comme culture d’appoint pour les fruits, l’huile de pépins, l’alimentation animale et la valorisation énergétique. En Érythrée, la culture couvre 18 250 ha pour environ 457 500 t/an. Au Maroc, huit écotypes résistants à la cochenille relancent les vergers.
De la parcelle à l’usine : comment capter la valeur
Le cactus s’adapte aux sols pauvres et stabilise les systèmes agropastoraux. Les cladodes stockent l’eau, limitent l’érosion et assurent une production régulière en zones arides. La FAO documente ses itinéraires techniques, de la conduite du verger aux circuits de transformation, avec des références sur la récolte, la manutention et la qualité sanitaire. (Open Knowledge FAO)

Fruits et “raquettes”. Les figues de Barbarie s’écoulent en frais ou en transformé (jus, confitures, sirops, vinaigre). Les raquettes jeunes se consomment comme légume. La demande locale reste portée par la saisonnalité et les usages culinaires, tandis que l’export cible des marchés de niche sur la base d’une calibration stricte et d’un conditionnement soigné. Les guides techniques FAO rappellent les bonnes pratiques post-récolte pour préserver sugars/acides et limiter les pertes. (Open Knowledge FAO)
Cosmétique : l’huile de pépins, segment premium. Extraite à froid, l’huile de pépins d’Opuntia s’est hissée dans la cosmétique naturelle haut de gamme. Le coût d’extraction élevé (rendements en huile faibles, besoin en graines triées) soutient un positionnement prix robuste. Les notes marché et fiches d’importation européennes confirment l’intérêt d’acheteurs B2B, à condition de garantir traçabilité, certifications (bio/HACCP) et profils physico-chimiques stables.
Modèle tunisien : de la cueillette à l’industrie. En Tunisie, la transformation a changé d’échelle avec un essor rapide des entreprises spécialisées et des exportations cosmétiques vers plusieurs continents. Les appuis publics et chaînes de valeur structurées (collecte, décorticage, pressage, filtration, conditionnement) montrent la voie pour des PME africaines qui visent des marchés certifiés.
Sécurité fourragère. En élevage, le nopal joue le rôle de réserve hydrique et énergétique. En Afrique australe, la recherche agronome estime qu’un peuplement bien conduit peut fournir des volumes d’eau végétale appréciables et des tonnages élevés de matière verte, utiles en années sèches. Des rations intégrant des cladodes déshydratées ou ensilées améliorent la résilience des troupeaux.
Biogaz et énergie. Les cladodes fermentescibles alimentent des digesteurs pour produire chaleur et électricité à l’échelle de la ferme. Ce levier intéresse les exploitations agro-industrielles cherchant à réduire leurs coûts énergétiques et à valoriser les coproduits.
Variétés résistantes : pivoter face à la cochenille. L’expansion du parasite Dactylopius opuntiae a frappé le Maghreb, poussant la recherche à sélectionner des génotypes tolérants. Au Maroc, huit variétés (Marjana, Belara, Karama, Ghalia, Angad, Cherratia, Melk Zhar, Aakria) sont inscrites au catalogue national et replantées à grande échelle, avec des performances agronomiques différenciées selon la phénologie et l’épaisseur d’épiderme. Pour les pays qui redémarrent la filière, le choix de matériel végétal résistant et les mesures sanitaires constituent la première barrière de risque.
Cartographie africaine des filières actives.
— Érythrée : surfaces et volumes significatifs, usages fruits/légume/fourrage, ancrés dans les systèmes ruraux.
— Tunisie : transformation structurée et montée en gamme des exportations cosmétiques ; vigilance phytosanitaire renforcée face aux foyers de cochenille.
— Maroc : replantations massives avec écotypes résistants et relance des vergers d’exportation.
— Afrique du Sud : intégration élevage–fourrage et travaux appliqués sur digestibilité et rations.
Clés d’entrée pour investisseurs et coopératives.
- Segmenter : choisir un créneau clair — fruits frais/transformés, huile cosmétique, fourrage, énergie — en fonction du climat, de l’accès à l’eau et des débouchés.
- Sécuriser la matière : planter des variétés résistantes à D. opuntiae, plan de taille et de renouvellement, hygiène de verger, lutte intégrée.
- Normaliser la qualité : extraction à froid, indices de peroxydes/acides gras suivis, HACCP et traçabilité pour exporter.
- Boucler la boucle : valoriser co-produits (graines, tourteaux, pulpes) en alimentation animale, compost et énergie pour ancrer une économie circulaire locale.
Perspectives RDC et Afrique centrale. Les conditions climatiques de plusieurs territoires semi-arides se prêtent à des vergers pilotes de 50–100 ha couplés à des unités légères de tri-lavage et à des presses à vis pour graines, avant un passage à l’échelle. L’agenda prioritaire : foncier sécurisé, pépinières certifiées, formation des équipes, contrats d’achat avec transformateurs cosmétique/agroalimentaire et protocoles sanitaires pour éviter l’introduction de la cochenille.
— Rédaction Agrobusiness.cd